02 Feb
Sarah Bernhardt, La Divine, Guillaume Nicloux

Pour ce nouveau film de Guillaume Nicloux, le travail est titanesque, et on ne peut plus risqué. En effet, pour un pays tel que la France, aussi attaché à ses racines théâtrales, décider de représenter une figure du théâtre français comme la grande Sarah Bernhardt peut faire partie de ces casse-têtes desquels on ressort souvent vaincus. 

Ainsi, le choix qui s’offrait était soit de coller au plus près à la vie de l’Artiste pour ne pas choquer les puristes, ou de partir de l’image de celle-ci et créer quelque chose de nouveau. Guillaume Nicloux a choisi cette deuxième option. Mais a-t-il bien fait ? 

Le film débute avec l’épisode de l’amputation de la jambe de Sarah Bernhardt qui initie le récit qu’elle fera à Sacha Guitry sur sa liaison passée et tumultueuse avec son père, Lucien Guitry. Vient alors ce récit imbriqué où les scènes s’alternent progressivement entre son lit d’hôpital après l’opération de sa jambe, et ce moment à l’apogée de sa carrière, où Sarah Bernhardt joue un jeu dangereux entre relations amoureuses instables et gloire. 


Mais là où beaucoup reproche souvent le besoin systématique des biopics à vouloir coller trop prêt à la réalité de la vie des célébrités, ici au contraire, il me semble que le traitement est beaucoup trop exhaustif. A tel point, qu’il pourrait paraitre faux.

Sarah Bernhardt n’est traitée en tant qu’actrice seulement par la gloire et les compliments qu’elle reçoit, mais elle n’est que rarement mise au centre de son travail. Son portrait - bien que Sandrine Kiberlain, et Guillaume Nicloux ont affirmé avoir pris des libertés – semble davantage caricaturale que réaliste ou  artistique. Si vous vous intéressez à la vie de l’artiste, vous vous rendrez vite compte qu’elle était réellement une érudite. Sarah Bernhardt s’intéressait véritablement à l’art, à l’intellect et proposait une réelle réflexion sur les rôles qu’elle interprétait. Pourtant, dans le film, les actes trahissent les paroles. L’Actrice s’engage pour les femmes, pour la justice, mais n’est représentée que dans son extravagance, ses froufrous, ses liaisons, et par sa dépendance à son Lucien.  


Il y a donc à mon sens un grand manque de cohérence dans le traitement de sa vie, ou même de sa personnalité. Les frasques de l’actrices ont du mal à rentrer en résonance à la fois avec son talent et avec son engagement. 

Néanmoins, ajoutons de la nuance en soulignant que l’interprétation de Sandrine Kiberlain reste très belle, et ferait presque oublier, au moment de quitter la salle, tous les défauts du récit. 

De même, et cela a toute son importance, la durée est une vraie aubaine car le film ne dure qu’1h38, et dans une époque où les films font tous entre 2h et 3h, voir qu’un sujet peut être traité efficacement en une durée tout à fait acceptable est très agréable pour tout spectateur en manque de temps et en recherche de distraction. 




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