Santosh est plus que féministe, il pousse à une prise de conscience humaniste.
Santosh est une jeune veuve dans la grande région du Nord de l'Inde où lui est offert de remplacer son époux défunt à son poste de policier. Elle accepte, mais son bon cœur et ses principes se heurtent rapidement à la réalité de la société indienne. Inégalités hommes-femmes, délaissement d'une partie pauvre de la population nommée dalits (ou intouchables), violences, corruption. Même si l'excitation du pouvoir et de la poursuite des criminels est là, l'escalade de la violence prend vite le dessus sur le reste.
Les plans en caméra portée montrent bien à la fois l'instabilité générale et la frénésie constante des scènes. Les cadrages dans le poste de police, plus stables, représentant l'ordre et l'honneur de la profession, se transforment en plans mouvants souvent dans un axe assez bas. Il y a donc dans la mise en scène même, une désillusion qui s'opère, en accord avec l'état d'esprit de Santosh.
Et la maîtrise du message par l'image s'étend aussi au personnage. C'est pour cela que lorsque l'on enquête sur le viol et le meurtre d'une petite fille, la police décide de mettre face aux médias des policières en première ligne. Il se joue donc ici, par une narration et un jeu d'acteur excellents, une vive critique des apparences de la société indienne. Là où l'ordre est censé régner, les règles discrètes mais bien présentes de la hiérarchie percent facilement leur chemin à travers les lois.
Santosh est donc un film magnifique, puissant dans sa critique, et précis dans son exécution d'images.