Ça tourne à Séoul, de Kim Jee-woon est une comédie loufoque et éclatante de détails.
Pour son dixième métrage, Kim Jee-woon livre une belle cacophonie cinématographique sur le processus, un peu bancale, de tournage d’un drame coréen. Mr Kim (interprété par Song Kang-ho), un réalisateur vivant toujours dans l’ombre de son défunt mentor, souhaite reprendre de nombreuses scènes de son dernier film pour le transformer en chef-d’œuvre. Mais la production comme l’institution de censure s’y refusent par manque de temps et à cause d’un scénario contre les bonnes mœurs. Cependant, grâce à l’appui de son équipe technique, et à des acteurs perdus dans leurs drames individuels, il se décide à tourner illégalement les scènes en deux jours.
Le film est bruyant, scandaleusement bordélique, et à la limite du non-sens. Pourtant, la qualité de délimitation entre les scènes tournées par Mr Kim, et les scènes du tournage fonctionnent très bien. Les parties en noir et blanc indiquent les mises en abîme, tandis que les couleurs des habits 70's fonctionnent comme un très bon indicateur de l’époque. De plus, l’hommage aux techniques du cinéma, et au joyeux désordre qui se passe souvent sur les tournages, ne peut que faire rire. Nous répondons donc volontiers aux clichés du réalisateur perdu dans son œuvre, à la diva des feuilletons TV, ou au comédien tellement imprégné de son rôle qu’il n’arrive plus en s’en défaire entre les scènes.
Quant à l’histoire, je ne peux m’empêcher de penser qu’elle finie par sembler trop longue. Deux heures de drames dignes des feuilletons télé finissent par devenir lourds. Sans compter que la mise en abîme des images tournées dans le film sont elles aussi caricaturales et sur-jouées. Bien que cet effet soit recherché, les deux heures de narration semblent passer lentement par moment. L’hommage au cinéma coréen est donc très présent (notamment quand on s’intéresse aux multiples références étalées sur tout le film), mais il n’est peut être pas inscrit dans sa bonne durée.
Je dirais tout de même, qu’en tant qu’amoureux du cinéma, Ça tourne à Séoul est un beau film, très bien exécuté. Mais qu’il semblerait qu’en mettant une trop grande multiplicité de détails, on finisse par se perdre dans un flot de comédie.