Le Moine et le Fusil, de Pawo Choyning Dorji est un conte prenant, racontant l’histoire d’une époque de transition nouvelle pour la région reculée du Bhoutan.
Loin du récit ethnique, presque documentaire auquel on pourrait penser, le film entre dans un principe de fiction profond et poétique. En effet, l’histoire est celle d’un moine chargé par le Lama - son maître spirituel et "gardien" du village - de trouver un fusil pour remettre les choses en ordre, à la suite de l’annonce des premières élections politiques du pays.
Le récit mêle l'humour à une tension sous-jacente concernant l’utilisation du fusil. La rencontre de l’américain et son guide avec le moine et les villageois, permet de rire du choc des cultures autour d’un objet de mort et de destruction. Il est intéressant de voir qu’au final, le fusil est l’objet au centre des relations du spirituel et du matérialisme. C’est un choix fort et significatif. Aussi, cela pose un profond questionnement éthique et moral, si ce n’est même philosophique et politique.
Au-delà de ça, le scénario est très bien mené. Les actions s’enchaînent dans un décor très serein, presque ennuyeux d’un point de vue de l’action, pourtant chaque événement sait marquer le spectateur, et garde ses sens en éveil. Pourquoi le Lama veut-il ce fusil ? Les élections seront-elles bien menées par les habitants ? Le moine arrivera-t-il à apporter le fusil au Lama ? Benji (le guide) se fera-t-il arrêter par la police ? Toutes ces questions permettent de faire rebondir chaque action, et de nous mener, étonnement, à une cérémonie de Paix, où chacun se retrouve sur un nouveau chemin.
Le Moine et le Fusil est donc une histoire humaine, très bien réalisée. Mais où vous ne trouverez ni moralisation, ni culturalisme exagéré, mais plutôt beaucoup d’humour et de réflexion bienveillante sur la modernité et les relations humaines.