10 Oct
La Bonne Epouse, Martin Provost

La Bonne épouse, de Martin Provost, est une comédie haute en couleur, bercée d’une légèreté féministe étonnante.  


Tout dans ce début de film pourrait nous indiquer une vive critique du féminisme. En effet, nous sommes amenés en 1967 dans une des dernières écoles ménagères où les jeunes femmes apprennent à devenir de parfaites épouses et mères. Les formatrices Paulette et Gilberte Van der Beck, ainsi que sœur Marie-Thérèse, prennent leur rôle à cœur, et éduquent leurs élèves sur les 7 piliers qui leur permettra de s’insérer dans leur place sociale : c’est à dire dans le foyer. Mais suite à la mort de Mr Van der Beck, sa femme Paulette découvre les dettes de son mari et remet en question ses fonctions. Est-elle vraiment qu’une épouse ? N’avait-elle pas la possibilité de s’impliquer dans les finances de son mari ? Peut-elle redécouvrir le plaisir d’aimer et de jouir ? 

A la veille de mai 68, les esprits s’échauffent, et le renouveau des femmes frappe à la porte. Il n’est alors plus question d’enseigner aux jeunes femmes qu’être une adulte c’est s’enfermer sous le joug d’un mari dominateur et parfois inconnu. 


Martin Provost a choisi une mise en scène aux allures candides. Des couleurs vives, les sourires béats de Paulette, et les fleurs entourant le jardin. C’est une époque dont même les jeunes d’aujourd’hui restent nostalgiques. Une ode à la liberté, à la frivolité. Pourtant, le statut de la femme est encore incertain. Récemment elle a obtenu le droit d’avoir un travail et d’ouvrir son propre compte bancaire sans avoir besoin de l’accord de son mari, mais les mœurs conservatrices persistent. 


Pourtant, je dois reprocher au scénario de donner l’impression que l’enjeu se joue principalement sur le mariage et la sexualité. Or la puissance libérée des femmes est un sujet qui dépasse la simple question de la jouissance. Surtout que les thèmes des finances, de la connaissance, de l’accès aux études et au travail sont effleurés dans les dialogues, mais ne font en aucun cas l’objet d’un approfondissement. 

De même, dans cette scène de révolution sous forme de comédie musicale, les noms de grandes figures féministes sont énumérés, mais les propos tenus restent très superficiels. 


Je dois donc dire que ce film est agréable, et sensible. Mais que malgré son hommage aux femmes, il reste dans un entre-deux, fait pour ne pas trop heurter la gente masculine.



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