10 Dec
Juré N°2, Clint Eastwood

Retour à la simplicité pour le dernier long-métrage de Clint Eastwood, Juré N°2.  


Lors du procès de James Sythe, Justin Kemp (Nicholas Hoult), le juré n°2, comprend rapidement que l’accusé n’est pas responsable du meurtre. De fait, il était lui-même présent sur les lieux du crime le soir de l’accident. Et il lui apparait alors évident que ce n’était pas un cerf qu’il avait percuté sur le bord de la route cette nuit-là. Pris dans un conflit de moralité, il met donc tous ses efforts dans la disculpation de l’accusé James Sythe, jusqu’à ce qu’il doive finalement protéger sa propre vie.  


Pour les plus connaisseurs, le parallèle avec le film 12 hommes en colère de Sidney Lumet est évident. Car malgré une action qui dépasse la simple salle de délibération, c'est bien là que toute la tension se crée. De même, Justin Kemp est d'abord le seul à penser à l'accuser et à questionner les faits mis en avant durant le procès. Cependant, ne tardons pas trop sur une comparaison des deux œuvres car nous passerions à côté de l'essence même du film.  


La mise en scène est relativement simple. Les plans ne se veulent pas lourds et ne sont pas trop nombreux. Par conséquent, rentrer dans une analyse de forme est peu intéressant sur le point technique. Mais ne vous y trompez pas, cela est loin d'être un point négatif. Justement la réalisation épurée sert à coller au plus près de l'authenticité du sujet : la Justice.  


Juré n°2 questionne avec génie la notion de justice et ses limites. Le film ne tombe pas dans une simple critique du système judiciaire américain, bien que des pistes soient lancées (l'accusé ayant un avocat commis d'office est voué à perdre son procès, la police s'est contentée du premier suspect qu'elle avait, l'avocate carriériste est prête à tout pour être élue procureure). 

Bien au contraire, on rentre justement dans le vif du sujet. L'histoire et la profondeur du personnage principal nous amènent doucement dans la complexité de la notion de Justice. 

Là où la logique voudrait que justice soit faite pour la victime et sa famille - car telle est la loi - nous éprouvons de la sympathie pour Justin, qui se révèle être le coupable, et qui pourtant est loin d'être le profil du criminel que nous souhaiterions voir puni. Ainsi nous sommes nous-mêmes en tant que spectateur positionné au sein de ce dilemme : appliquer la justice de manière froide et systématique, ou bien laisser à l'humain la possibilité d'être pardonné. Un vrai questionnement se pose, et même si le film n'apporte aucune réponse, il a cette légitimité d'amener le sujet dans une excellente mise en scène. 


Ce dernier long-métrage de Clint Eastwood apporte un réel plus au genre traditionnel du film de procès, malgré une grande simplicité de mise en scène.



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